Les sites Celtes en France
Ribemont-sur-Ancre, Somme
La Chaussée-Tirancourt, Somme
Gournay-sur-Aronde, Oise
Vernon, Eure
Acy-Romance, Ardennes
Vix, Côte-d'Or
Alise-Sainte-Reine, Côte-d'Or
Mont-Beuvray, Nièvre
Plouay, Morbihan
Paule, Côtes-d'Armor
Naintré, Vienne
Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône
Saint-Mitre-les-Remparts, Bouches-du-Rhône
Martigues, Bouches-du-Rhône
Lattes, Hérault
Nages-et-Solorgues, Gard
Les musées Celtes en France
Saint-Germain-en-Laye, Yvelines www.culture.fr/culture/man/man1.htm
Colmar, 68 www.musee-unterlinden.com
Strasbourg, 67 www.musees-strasbourg.org
Châtillon-sur-Seine, Côte-d'Or
Dijon, Côte-d'Or
Bourges, 18
Mont-Beuvray, 58 www.bibracte.com
Nancy, 54
Metz, 57
Bordeaux, Gironde
Penmarch, Finistère
Carnac, Morbihan
Troyes, 10
Epernay, Marne
Nemours, Seine-et-Marne
Guiry-en-Vexin, Val-d'Oise
Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais
Caen, Calvados
Rouen, Seine-maritime
Beauvais, Oise
Compiègne, Oise
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La question des origines des Celtes, ancêtres attitrés, pour ne pas dire titrés, des Européens de l'Ouest, est l'une des plus controversée qui soit. D'où viennent-ils ? Qui étaient-ils ? Avaient-ils un rapport avec les grands sanctuaires mégalithiques de Bretagne ou de Grande-Bretagne, comme Stonehenge ? Ressemblaient-ils au "Vercingétorix" moustachu de style Napoléon III ?
Selon les périodes, les idéologies dominantes et l'avancement des fouilles archéologiques, les origines supposées des Celtes ont considérablement varié. D'autant plus qu'il s'agissait de peuples préhistoriques, c'est à dire sans écriture, avant le premier contact qui les mit en relation avec le monde Grec, au VIème siècle av. J.-C. D'une certaine manière, le passé des Celtes est aussi impénétrable dans le détail que celui des Indiens d'Amérique du nord avant l'arrivée des Européens.
Tout d'abord d'où leur vient leur nom ? Il apparaît au moment de la fondation de Massilia (fondée vers 600 av. J.-C.). Les Grecs phocéens appellent alors Keltoi les autochtones vivant au nord de leur ville. Selon les historiens, il pourrait s'agir du nom d'une tribu locale de Barbares. Toutefois, il est douteux qu'à cette époque les Grecs aient eu conscience d'une vaste entité culturelle au-delà du monde connu, c'est à dire en Europe intérieure. Plus tard, Hérodote ou Posidonius, et peut-être d'autres explorateurs Grecs dont la trace s'est perdue, ont fini par circonscrire cette entité, tantôt nommée Celte, tantôt Galate.
"En fait, il faut attendre le Vème siècle av. J.-C. pour être assuré que les peuples établis au nord des Alpes sont bien des Celtes", précise Patrice Brun, spécialiste des Celtes et directeur de recherche au CNRS, université de Paris-X-Nanterre. C'est à cette époque, en effet, qu'ils commencent à faire parler d'eux en faisant irruption dans la vallée du Pô, dans le nord de l'Italie. Un événement qui marque leur entrée dans l'histoire. Grâce aux Etrusques, qui possèdent un alphabet inspiré du Grec, certains mots celtes sont enfin transcrits. Les rares inscriptions pré-romaines mettront bientôt en évidence un vaste goupe de langues indo-européennes apparentées, répandues à travers toute l'Europe à l'exception du nord et de l'est extrêmes : les langues celtiques dont le galéique, le breton ou le gallois (ou cymrique) sont aujourd'hui les derniers représentants.
"Au Vème siècle av. J.-C., le monde celtique au nord des Alpes subit une crise générale en partie d'origine climatique -le climat devient plus froid et humide- qui pousse de jeunes chefs guerriers à tenter leur chance en partant vers le sud, poursuit Patrice Brun. Cette époque correspond à l'émergence, dans une vaste région située entre Bourges et la Bohème, d'un style culturel particulier dit de la Thène, en référence au village suisse où les premiers objets de ce type ont été découverts. Cet art celtique se caractérise notamment par des épées de 80 centimètres de longueur, des frises végétales continues et l'adaptation de motifs d'origine méditerranéenne."
La culture de la Thène dure jusqu'aux invasions romaines. C'est la culture des oppidums (villes fortifiées perchées en haut des collines) et de l'urbanisation-étatisation progressive des tribus gauloises. A partir du IIème siècle av. J.-C., les tribus deviennent de véritables Etats indépendants, les civitates ("cités") dont parle Jules César, avec leur gouvernnement (chef et sénat), leur administration fiscale, leurs institutions religieuses.
Mais les historiens et les archéologues ne se sont pas arrêtés à cette période et ont creusé plus profond pour atteindre des époques encore plus anciennes. A peu près dans le même espace géographique, ils découvrent un autre style artistique nettement plus ancien, qui remonte à la fin de l'âge du bronze et au début de l'âge du fer européen (de 800 à 480 av. J.-C.), la culture de Hallstatt (localité d'Autriche près de laquelle se trouvaient des mines de sel exploitées à l'âge du fer). C'est une période relativement faste où apparaissent des forteresses imposantes, de vastes chefferies et des tombes en tumulus dotées d'un somptueux mobilier funéraire tels des chars à quatre roues et des bijoux d'importation. Les Keltoi des Grecs marseillais appartenaient à cette culture très riche et néanmoins sous-développée, au sens où nous l'entendons actuellement. En échange de produits manufacturés, de breloques et de bijoux, certains chefs celtes fournissaient matières premières et esclaves "à la façon des roitelets africains à l'époque du commerce triangulaire", dit Patrice Brun.
La culture de Hallstatt a longtemps été considérée comme le coeur véritable de la civilisation celtique, civilisation qui aurait dérivé d'un vaste mouvement, ou présumé tel, remontant cette fois aux environs de 1350 av. J.-C., et qui aurait concerné pratiquement tout le centre de l'Europe : la culture dite des champs d'urnes. "On a longtemps pensé que cette culture résultait d'une migration en provenance de l'est", ajoute Patrice Brun. Ces fameux champs d'urnes, qui font référence à des urnes funéraires où étaient déposés des restes humains incinérés, sont longtemps passés pour la preuve d'une migration des peuples celtiques depuis les confins orientaux de l'Europe.
En vertu des théories "migrationistes", qui ont dominé la pensée historique pendant près de deux siècles, le peuplement de l'Europe depuis les plus hautes époques ne pouvait s'expliquer que par les invasions successives de nations d'origine orientale, depuis une zone s'étendant de la mer Noire à la mer Caspienne, berceau perpétuel et bien pratique hérité sans doute des Grecs et des Romains. Les Celtes, comme plus tard les Huns ou les Mongols, auraient donc participé à cette supposée inexorable et récurrente ruée vers l'Ouest. C'est pourquoi l'image du Celte est souvent liée à celle d'un homme de l'âge du fer, un propagateur de ce métal. Une image complètement fausse.
"En réalité, il n'y a aucune véritable rupture culturelle jusqu'à l'époque du Bronze moyen (1650 av. J.-C.) dans l'espace géographique qui nous intéresse, remarque Patrice Brun. Les variations de rites funéraires - inhumation ou incinération - ne sont pas une preuve de remplacement de populations, mais simplement d'évolutions locales, de changements de "modes" avec, de temps à autre, une accélération des transformations stylistiques. D'ailleurs, la culture des champs d'urnes n'a pas d'antécédent oriental. Les découvertes archéologiques semblent au contraire lui attribuer une origine autochtone. Au bronze moyen émergent des entités territoriales en rapport les unes avec les autres, de vastes réseaux d'échanges qui constituent un grand complexe culturel nord-alpin".
En outre, les théories migrationistes peinent à expliquer la présence avérée très tôt, à l'ouest de l'Europe, de peuples indéniablement celtiques comme le prouve la toponymie, mais ayant une culture très différente, par exemple, de celle de la Tène. D'où viennent-ils et quand sont-ils apparus ? A moins d'imaginer une migration que l'archéologie n'atteste pas, au contraire, l'existence des Celtes d'Armorique ou d'Espagne (les Celtibères ou Hispano-celtes) est une énigme qui oblige à de sérieuses révisions théoriques. "Une des solutions les plus prometteuses consiste donc à remonter le temps dans l'espoir de découvrir une culture homogène qui recouvrirait toutes les régions occupées par les Celtes, de la Bretagne à l'Europe centrale", observe Patrice Brun.
Cette culture existe. Elle apparaît dès 2500 av. J.-C. et se caractérise par une forme particulière de poteries, les vases campaniformes, que l'on retrouve aussi bien en Irlande qu'en Hongrie, aux Pays-Bas ou en Espagne. Cette hypothèse de Celtes ou Proto-Celtes du IIIème millénaire av. J.-C. représente une bien sérieuse entorse aux dogmes en vigueur concernant l'arrivée des peuples de langues indo-européennes.
Vers 2500 av. J.-C., l'usage du cuivre se généralise - les Celtes ne seraient pas des hommes du fer, mais du cuivre -, la roue à rayons est inventée, le cheval devient un animal de trait et un symbole de pouvoir. Ce qui transforme la société et étend considérablement les réseaux d'échange. De plus, s'il s'agit bien de Proto-Celtes, leur lien avec la culture des mégalithes est renouée puisque c'est à cette époque que les grands complexes de Stonehenge en Angleterre ou de Carnac en Bretagne sont érigés. La passion d'Obélix pour les menhirs ne serait donc pas si anachronique qu'il y paraît !
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